BelgoLudique XXVI

Les Cochons Savent Pourquoi
Mise à jour: 14 avr 2024

Belgo I : Mise en Bouche

Il était une fois, au milieu des forêts des Ardennes, un (très) petit bourg qui accueillit une horde déferlante de fanatiques du jeu. Cela avait commencé le vendredi soir où, après quelques heures de voyage, nous arrivâmes à la nuit tombante au lieu-dit de Logne, non loin de Durbuy. Je profite de l'occasion pour remercier la gente dame Sylviane et le sire Claude de m'avoir permis de les accompagner.

La civilization nous ayant précédé en la personne de quelque missionnaire particulièrement intrépide, le propriétaire des lieux, devenu vaguement chrétien, ne nous décocha pas une volée de flèches dès notre apparition: nous eûmes d'abord droit aux sommations d'usage. Passé ce périlleux obstacle, nous fûmes accueillis dans son auberge par le Chevalier de Keyaerts, et nous pûmes lier connaissance avec nos autres coreligionnaires, originaire de tout le royaume et même d'au-delà. Nous étions en tout près d'une cinquantaine de personnes.

Nous commençâmes cette retraite ludique par un petit échauffement : une dizaine de petits jeux nous permirent d'établir un premier contact avec tous ces preux chevaliers et gentes dames. Les choses sérieuses ne se firent pas attendre : nous entamâmes une heure avant minuit le premier tournoi du week-end : Vinci, une excellente création de notre hôte.

Deux heures plus tard, les plus courageux d'entre nous décidèrent de profiter de l'obscurité complice de la nuit pour aborder des jeux plus conséquents. Ainsi, le Troll de la Pierre réussit à recruter plusieurs joueurs pour un Axis and Allies, parmi lesquels le Nain Garlick (pardon, je veux dire le verticalement contrarié Garlick), Petit-Alain et la Dame Blanche. Cette mémorable partie fut néanmoins inopinément interrompue par une déflagration atomique qui ravagea le plateau vers les quatre heures du matin, réveillant au passage tout le premier étage de l'auberge. Votre serviteur dormant du sommeil du juste au deuxième, cet événement ne lui fut relaté qu'au petit matin.

Le lendemain matin, après un bref petit déjeuner, une partie d'entre nous qui avait réussi à s'extirper des bras de Morphée décida d'escalader la colline voisine afin de rejoindre le château local. Nous fûmes récompensés de notre exploit par un brillant exposé de l'érudit Jean de la Notte Pierre qui nous rapporta les faits et gestes des seigneurs locaux, ainsi que les origines de la Principauté de Liège.

Nous fîmes cependant bien attention à ne pas prolonger indûment cette promenade, nous avions hâte de nous replonger dans l'Enfer du Jeu! Nous pûmes ainsi, tout au long de l'après-midi et de la soirée, découvrir de superbes nouveautés, notamment Citadelles et Democrazy, proposées par l'inventeur Bruno Faidutti. Qu'il soit ici félicité de la qualité de ses inventions. Et c'est justement à Citadelles qu'eut lieu le deuxième incident de notre séjour.

En effet, un certain évêque, l'Abbé de la Langue d'Oc, sachant sa vie menacée, essayait de passer inaperçu. Arrivé en place publique, il ne put cependant s'empêcher d'entamer un sermon (sur le thème : jouez et vous serez sauvés). Son corps fut retrouvé atrocement mutilé au petit matin dans les quartiers mal famés du bourg. Le Troll de la Pierre (encore lui) fut fortement suspecté, mais rien ne put être prouvé.

Après ce malheureux incident qui nous rappela combien nous sommes tous mortels, un groupe de valeureux croyants, dont je m'enorgueillis de faire partie, se lança vers minuit à la conquête de la France au cri de Montjoie Saint-Denis! Une solide alliance Bourgo-francaise permit à la Pucelle de libérer la fille aînée de l'Eglise de la menace de la perfide Albion et des troupes de Charles le Mauvais. Quant aux paysans flamands, ils se firent piétiner dès le début de la partie par de preux chevaliers et ne s'en relevèrent jamais.

Le lendemain matin, après une nuit réparatrice, nous nous relançâmes dans d'autres jeux, notamment un agréable Dolce Vita, puis un très mouvementé Zargos. Malheureusement, l'heure tournait et l'implacable gong de fin du week-end empêcha les très pieux Moines d'exercer leur divin courroux sur les réprouvés de Dieu que furent les Volants et les Lézards (Amen) !

Le Chevalier de Keyaerts remit ensuite leur prix aux vainqueurs des différents tournois (Vinci, Ben-Hur et Carabande) et nous nous séparâmes dans la bonne humeur. Je voudrais remercier ici tous les organisateurs de cette mémorable retraite ludique, notamment le sire Frédéric et la gente dame Solange.

Bernard (2000).